Développer les talents
Dernier post consacré à Welcome to the jungle et aux idées issues du monde des start-up qui peuvent inspirer la pharmacie, le développement des talents. Avant d’entrer dans le vif du sujet, la pharmacie d’officine peut sans fausse modestie considérer qu’elle est parmi les secteurs d’activité comparables, parmi ceux qui investissent le plus, en temps et en argent, dans la formation des collaborateur. Parce qu’il y a des fonds spécifiques dédiés à cela, parce que les labos partenaires des officines proposent également des formations, que ce soit en présentiel ou en distanciel, doit la qualité peut varier, mais pas la quantité en tout cas, et enfin parce que les titulaires encouragent clairement la formation, cela fait partie de l’ADN de cette profession de santé. La pharmacie peut donc être fière de participer à l’amélioration des compétences et des talents des professionnels qui y travaillent. Mais elle ne doit pas se reposer sur ses lauriers et doit toujours chercher des voies d’amélioration, des idées, des innovations. En voici quelques-unes.
Déléguez
Il y a les titulaires qui veulent tout maîtriser, tout voir, tout valider avant de mettre en oeuvre. C’est une erreur. Cela se comprend parfaitement pour le contrôle des ordonnances, une erreur pouvant avoir de graves conséquences, mais pour ce qui est de la gestion de l’officine, il ne faut pas hésiter à déléguer les responsabilités, que ce soit au niveau des achats qu’au niveau de l’organisation du back-office. Cela a deux bénéfices immédiats : cela allège la charge de travail et la charge mentale du titulaire, après tout ce n’est pas un surhomme, ou une surfemme, mais un être humain comme un autre, avec ses qualités et ses défauts. L’autre avantage de la délégation est de donner des responsabilités aux collaborateurs, de les impliquer dans la réussite de l’officine. Si on veut créer une vraie équipe officinale, chacun doit prendre part à l’aventure. D’ailleurs à ce propos, il ne faut pas hésitez non plus à communiquer sur les enjeux « business » de la pharmacie, car la pharmacie est une entreprise, n’en déplaise à certains, et elle se doit d’être rentable. A ce titre, il est donc intéressant que tout le monde ait des notions de rentabilité. On ne vous demande pas la transparence absolue, à l’inverse le silence et le tabou des chiffres ne fait pas avancer l’entreprise pharmacie.
Exprimer sa vulnérabilité
J’avais évoqué dans le précédent billet l’augmentation des burn-out parmi le personnel des officines, comme dans le reste de la société. Une des raisons de cette issue tragique, provient de l’incapacité des personnes concernées à exprimer leur malaise à leur responsable hiérarchique, en l’occurence le ou la titulaire. Parce qu’un patron reste un patron, il impressionne par son statut et il n’est pas chose aisée d’aller lui confier des difficultés. Or comme le dit le vieil adage très courant dans l’univers de la santé, mieux faut prévenir que guérir. Le pharmacien manager d’équipe doit donc favoriser l’expression au sein de son équipe, que ce soit pour exprimer des choses positives ou des inquiétudes, des problèmes. Chacun doit savoir que la porte est toujours ouverte et que s’il y a quelque chose d’important à dire, il faut que ce soit dit. Le ou la titulaire peut d’ailleurs montrer l’exemple en admettant ses erreurs quand il en fait, même si bien entendu, il ou elle n’en fait jamais 😉 En bref, de l’écoute, de la bienveillance, envers soit et envers les autres membres de l’équipe, ne peut pas faire de mal à la vie de l’officine.
Micro-formations
Une des tendances de fond de ces dernières années, tendance que le Covid a probablement accéléré, c’est la diminution du nombre de candidats dans le secteur de la pharmacie, qu’il s’agisse de préparatrices ou préparateurs ou de pharmacien.nes et par voie de conséquence un nombre de pharmacies en sous-effectif de plus en plus significatif. Conséquence, le temps devient une denrée rare, tellement rare qu’une fois qu’on a géré le comptoir et les tâches du back-office, il ne reste presque plus rien pour se former. Il n’y a pas de solution miracle à une problématique aussi systémique, il existe néanmoins des moyens de s’adapter à la situation, par exemple en changeant de format. Au lieu d’avoir des formations qui prennent plusieurs heures et nécessitent de s’absenter de l’officine ou de s’isoler dans un bureaux, on peut suivre des micro-formations sur les ordinateurs de comptoir, par exemple quand la fréquentation diminue un peu. Bien entendu, cela ne remplacera pas un travail de fond mais à bien y regarder, on peut apprendre pas mal de choses en quelques minutes seulement si le support est bien fait. Encore une fois, ce n’est pas la panacée, mais faut s’adapter.
Dire merci vous rendra service
Cela semblera peut-être enfoncer une porte ouverte mais je peux vous assurer que ce n’est pas le cas. Cela fait plus de 10 ans que j’évolue dans l’univers de la pharmacie d’officine, j’y rencontré des dizaines, peut-être même des centaines de pharmaciens titulaires, et croyez-moi, dire merci à ses collaborateurs n’est jamais une évidence, ni un acquis. Alors imaginez les félicitations ! Dire merci ou féliciter un collaborateur quand c’est bien, cela ne mange de pain comme dirait l’autre, clairement ce n’est pas ça qui va faire augmenter la masse salariale, mais qu’est-ce que ça fait du bien à celui qui l’entend. Alors interrogez-vous sincèrement, savez-vous réellement dire merci et féliciter ? Si ce n’est pas le cas, je vous incite vivement à le faire dès demain, dès aujourd’hui même, pas de temps à perdre par les temps qui courent. Inversement, attention aux feedback trop directs et aux remarques désagréables quand une erreur a été commise, quelle que soit l’erreur, et surtout évitez de le faire devant tout le monde. Il n’y a pas pire pour humilier quelqu’un que de le reprendre à haute voix et devant toute l’équipe. En résumé, plus de zèle dans les remerciements, moins dans les critiques et les remarques, vous rendra le plus grand des services, à vous et à votre officine.
Les bienfaits du mentorat
Dans les pharmacie de taille suffisante, il peut-être intéressant d’organiser une forme de mentorat, c’est à dire la prise sous son aile d’un nouveau collaborateur par un ancien. Cela a l’air de rien mais cela peut accélérer significativement l’intégration des nouvelles recrues, accélérer la montée en compétences et renforcer les liens entre les membres de l’équipe. Cela permet aussi de créer des passerelles entre les générations si on prend comme hypothèses que les plus expérimentés sont souvent les plus âgés, mais il est possible que cette hypothèse souffre de quelques exceptions, le talent d’attendant pas toujours le nombre des années. Dans tous les cas, le mentorat, ou la création de binômes peut avoir d’importantes vertus pour votre équipe.
D’autres idées concernant le recrutement sur :
Welcome to the jungle, 100 idées innovantes pour recruter des talents et les faire grandir, Jérémy Clédat et Laëtitia Vitaud, Editions Vuibert, 2020.